Patrice Bulting et Jean-Jacques Lumeau avaient pour mission de réfléchir à la culture bretonne de Saint-Nazaire. Après avoir présenté leur travaux* les deux élus ont fait part leurs préconisations :
« Nous recommandons ,comme l’ont fait les grandes villes de Loire-Atlantique, de nous engager dans la charte YA D’AR BREZHONEG qui dépend de l’office public de la langue bretonne lequel est un établissement public qui regroupe l’État, les conseils régionaux de Bretagne et des Pays de la Loire ainsi que les conseils généraux du Finistère, Morbihan, Côte d’Armor, Ille-et-Vilaine et Loire- Atlantique ».
Cette charte délivre quatre niveaux de certification qui permet aux communes de choisir et d’acquérir le label selon le degré d’implication souhaité et la nature des réalisations choisies.
L’office public de la langue bretonne propose une liste de 55 actions.
Le niveau 1 qui engage la commune sur une base de 5 actions minimum dont une
seule est obligatoire : « la mise en place de panneaux bilingues aux entrées et
sorties de la commune ». Ce serait « un véritable signe positif de nature à
satisfaire la grande majorité des interlocuteurs rencontrés ».
24 communes de Loire Atlantique ont mis en place les entrées et sortie de ville bilingues et cinq communes ont déjà délibéré pour s’engager dans la charte dont Nantes – Saint-Herblain – Indre – Pornic – Grandeur.
Le Gwen-ha-du
« Le drapeau breton sur le fronton de l’hôtel de Ville n’a pas été expressément revendiqué par les interlocuteurs comme une attente forte, mais son absence dans la cité pose réellement question à beaucoup et en heurtent certains qui le vivent comme un déni. »
Il pourrait apparaître Boulevard de la Légion d’honneur où se trouve l’office de tourisme ou à la gare SNCF aux côtés d’autres drapeaux.
Pour ce qui est de l’hôtel de Ville hisser le drapeau-blason de la Ville semble une bonne idée :
- La clef de la Loire, le navire (la nef) , la mer, l’estuaire notre belle devise d’ouverture aperit e nemo claudit (elle ouvre et personne ne ferme) et les hermines.
« Ces propositions positionneront de façon nouvelle le fait culturel relatif à la Bretagne et participeront à notre politique touristique volontariste qui considère nettement le sud Bretagne dans son développement ».
Les élus concluent : « pour certains ces préconisations apparaîtront comme insuffisantes et pour d’autres peut-être exagérées, mais nous pensons qu’elles constituent un équilibre et une avancée que nous situons dans le vivre ensemble. Notre souhait étant que les débats qui pourraient en découler soient aussi respectueux et apaisés que ceux des interlocuteurs qui ont participé de cette consultation ».
Saint-Nazaire s'est rejouie d'avoir obtenu sa troisième fleur, elle prétend maintenant à sa première hermine.
La méthode
D’emblée nous avons positionné nos travaux en accord avec cette déclaration sur l’apport de la culture bretonne et non sur la question de l’identité. Nous avons voulu que nos travaux se déroulent dans un climat apaisé, dépassionné et objectif afin d’interroger la réalité de la question bretonne au plus près du ressenti des hommes et des femmes qui ont un point de vue sur cette question. Pour autant les intervenant ont eu loisir de s’exprimer librement sur tous les sujets qu’ils souhaitaient et ce sans limitation de temps.
En ce sens nous avons retenu un premier principe d’auditions de divers interlocuteurs acteurs de la société civile et n’avons pas retenu l’audition de responsables de parti politique quelle qu’en soit la sensibilité.
Notre écoute a volontairement privilégié l’entretien ouvert, l’échange le plus libre possible avec des responsables d’associations sensibles à la question bretonne.
Les entretiens se sont déroulés avec comme convention et préalable de départ à une discussion ouverte avec les questions générales suivantes énoncées en préalable de l’entretien :
- la culture bretonne est-elle une réalité de notre territoire et sur quels plans ?
- quels en sont les marqueurs les plus évidents ?
- la culture bretonne à Saint-Nazaire est-elle : suffisante, insuffisante, respectée, minorée, méprisée ou au contraire trop présente ?
La synthèse des 30 heures d’entretiens qui, volontairement, n’ont pas été enregistrés simplement notés est par nature difficile car elle est la résultante d’un exercice visant à mettre en avant des paroles parfois unanimes, souvent croisés, parfois contradictoires mais toujours spontanées de la pensée des citoyens qui se sont exprimés.
Les interlocuteurs rencontrés ont particulièrement appréciés la démarche de rencontres et d’entretiens autour de la question Bretonne à l’initiative de la ville. Beaucoup se sont déclarés fiers d’être Nazairiens et une majorité heureux de l’héritage culturel breton qu’ils vivent la plupart comme une réalité dans notre ville mais sans excès d’appartenance.
Ouverture
Cette réalité bretonne, ils la décrivent au regard de l’histoire et des sites et des noms usuels qui leur sont donnés, ils la vivent aussi d’un point de vue géographique et l’appellation Saint-Nazaire en Bretagne Sud est partagée. 30% des noms des lieux-dits sur la commune sont d’origine et d’appellation bretonne.
Pour d’autres ce sujet de débat n’est ni essentiel ni prioritaire et les Nazairiens dans leur grande majorité ont d’autres préoccupations et attentes plus importantes liés au travail, la qualité de la vie et des services publics.Il s’est nettement dégagé des entretiens une dominante d’ouverture : Saint-Nazaire est avant tout une ville et un port ouvert sur le monde, il y a une notion de richesses constituées des différents apports des populations et une culture composite dont la Bretagne est réellement présente mais pas de façon obsessionnelle.
Pour beaucoup, il n’y a pas de drame ni de conflit armé sur la question et d’aucuns de rappeler que la ville a grandi 56 fois en un siècle, ce qui constituerait le plus fort ratio en France. C’est dire que nous sommes une ville de migrants. Saint-Nazaire dans sa réalité est constitué d’apports successifs de population d’origines diverses dont bien sûr de Bretagne mais aussi de l’hexagone et de l’étranger.
Plusieurs points de vue expriment le fait que la culture bretonne est présente naturellement dans la ville, que cette réalité se ressent spontanément et de manière factuelle au travers de concerts, fetz noz, manifestations accompagnés ou soutenus financièrement par la Ville mais aussi par les initiatives privées, associatives, les boutiques spécialisées etc..
Quelques propos :
« La réalité bretonne est un fait culturel mais il convient de ne pas aller dans les excès et de toujours s’inscrire dans des processus démocratiques» dira l’un tandis que l’autre affirme « Les gens qui n’ont pas de racines se sentent gênés, de tous temps, les retons ont toujours trouvés où inventés des racines , un autre rajoutera « L’identité bretonne n’est pas omniprésente, tout dépend ce que vous y mettez, Breton c’est le regard des autres. Le monde extérieur cherche à identifier à mettre une étiquette.
« La culture bretonne émanant de Saint-Nazaire vit un paradoxe, elle rayonne à l’extérieur de façon très qualitative mais n’a aucune présence dans le centre-ville, pas de locaux. Cette situation ne valorise pas le rayonnement de cette culture. »
Dans les propos le rapport à la musique reviennent fréquemment :
« La culture musicale du bagad puise dans le patrimoine local et pour autant il s’inscrit dans le temps présent et sait privilégier l’échange aux autres cultures du monde. Une culture très ouverte sur le monde, une culture qui privilégie l’altérité. »
« La musique bretonne est reconnue dans la ville, le conservatoire à vocation départemental de Saint-Nazaire à une section de musique celtique de qualité. Cette dernière est financée par la Ville et contribue au rayonnement de la culture bretonne. »
« La renaissance de la culture et de la musique bretonnes dans les années 70 a permis une émancipation qui a échappé à l’Eglise. »
Certains se sentent Bretons, Celtes, Français, citoyens du Monde mais la majorité de nos interlocuteurs redoutent une vision étriquée qui confinerait et qui pourrait constituer un repli identitaire. Beaucoup affirment et défendent une multiculturalité . « Nous sommes forgés de différentes culture et c’est là notre richesse » revient souvent.
L’un résume la position : « Nous pouvons être Français, républicain, laïque et breton »
Les entretiens ont été marqués par une grande modération de propos, respect et écoute, il se dégage cependant un sentiment de frustration, l’impression que la réalité culturelle bretonne a été oubliée ou minorée au fil du temps dans notre ville. Certains le disent nettement d’autres le regrettent, la majorité pense que quelques signes de reconnaissance seraient les bienvenus et ont le sentiment que la démarche entreprise par cette consultation est symbolique d’un changement.Tous ont condamné les dégradations commises ces derniers temps sur la ville par des
extrémistes.
La langue
Sur la question de l’enseignement du breton dans notre ville ce sont davantage les vertus du bilinguisme qui sont avancées et pour certains le regret que cet enseignement relève du statut privé alors que d’autres villes ont engagés une démarche pour un enseignement public.
Néanmoins l’apprentissage de la langue bretonne est une réalité à Saint-Nazaire où à Waldeck Rousseau à Herbins le Breton est enseigné en maternelle et primaire dans des locaux rénovés. En secondaire, il s’agit d’une option à Albert Vinçon. Des cours pour adultes sont par ailleurs dispensés toute l’année. Certains aimeraient que le journal municipal en fasse davantage état, d’autres émettent l’idée que Diwan puisse s’engager dans la dynamique des TPE.
Extraits du rapport de patrice Bulting et Jean-Jacques Lumeau
Le 24/02/2023 par Dany Villesange dans
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Le 16/02/2023 par Chloé dans
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