A Saint-Nazaire, les manifestants, environ 80, se sont rassemblés à 17h devant la mairie, puis ont marché derrière son portrait, jusqu'à la place du Commando, en passant par le bord de mer.
Là ils ont lu le texte ci-joint, le même qui a été lu dans toutes les villes où a eu lieu la même marche blanche.
Je m’appelle Zineb. Je suis née le 6 juillet 1938 en Tunisie.
J’aurais aujourd’hui 81 ans si vous ne m’aviez pas tuée.
Le 1er décembre 2018 des gens manifestaient à Marseille, comme partout en France, pour un monde plus juste, contre l’insalubrité des logements ou pour le climat.
Moi, je fermais les volets de mon petit appartement au 4ème étage de mon immeuble rue des Feuillants.
Je vous ai vu pointer vers moi votre lanceur de grenades. Je ne comprenais pas pourquoi. Ca ne pouvait pas être contre moi.
J’étais au téléphone avec ma fille et, effrayée, je lui ai dit « pourquoi il me vise » ? Elle non plus n’a pas compris.
Oui la vérité je la connais mais je ne peux pas témoigner car, ce 1er Décembre, Monsieur le policier, vous m’avez visée, vous avez tiré votre grenade lacrymogène et vous m’avez assassinée.
Oui, je dis bien « assassinée ».
Comment qualifier autrement votre geste ? Etait-ce de votre propre initiative ? Etait-ce un ordre que vous avez reçu ?
Ca par contre je ne le sais pas.
Mais peu importe, vous avez, ce jour-là, assassiné une vieille dame, chez elle, qui n’a eu que le tort de vouloir fermer ses volets.
Je ne veux pas que mes enfants et mes petits-enfants puissent penser que je ne suis qu’un dommage collatéral, une bavure policière de plus, tout comme Adama, Rémy, Steeve et tant d’autres.
Je ne veux pas de vengeance. Je veux juste que la justice fasse réellement son travail et que vous, Monsieur le policier qui m’avez abattue fassiez preuve de courage en vous dénonçant, en assumant vos actes, en disant à vos collègues et à votre hiérarchie qui vous couvrent :
« Moi aussi je connais la vérité. Je suis un homme et surtout je suis un vrai policier. Donc j’assume mes actes.
Je le dois, car pour être respecté, je dois être un homme respectable. Et pour être un homme respectable je dois la vérité à la famille de Zineb. »
Mais aurez-vous ce courage ?
Serez-vous cet homme d’honneur ?
Votre conscience vous amènera-t-elle à vous rendre devant un juge et à lui dire : « c’est moi ».
Vous poserez-vous la question : « demain, si ma mère ou ma grand-mère subissait le même sort que Zineb, n’aurais-je pas droit moi aussi, à la vérité ? » Accepterais-je que le ou les responsables de sa mort ne soient pas jugés ?
Oui, je suis morte par votre faute, mais vous, sauf si vous êtes dénué de toute parcelle d’humanité, vous devrez vivre toute votre vie avec, au fond de votre esprit, la photo de mon visage. (A ce moment lever toutes les pancartes avec la photo)
Et vous, Monsieur le vice-procureur de Marseille, présent sur le terrain ce 1er décembre, vous qui étiez auprès des forces de l’ordre, dormez-vous bien ? Direz-vous à vos enfants «je n’y suis pour rien » en toute conscience ?
Quant à vous, Messieurs et Mesdames les policiers, gendarmes, CRS et autres forces de l’ordre, vous dont la mission est de protéger les citoyens, rappelez-vous de vos ainés, et particulièrement de ces 54 policiers et gendarmes, hommes d’honneur, élevés au rang de « justes parmi les nations » car ils ont désobéi aux ordres et écouté leur conscience.
Grâce à eux, et parce qu’ils ont en effet, lors de la seconde guerre mondiale, désobéi aux ordres, parce qu’ils ont alerté les opprimés qu’une rafle allait avoir lieu, qui les conduirait au Vel d’Hiv, des centaines de femmes, hommes, enfants, vieillards, ont échappé à la mort.
Depuis ce jour fatidique du 1er décembre 2018, neuf mois ont passé, rien ne bouge, et pourtant, depuis ces neuf mois, toujours autant de violences, toujours des blessés graves, des éborgnés, des mains
arrachées, des poumons perforés, des femmes tabassées, trainées par les cheveux, des handicapés matraqués, gazés, des street medics, personnels médicaux volontaires, (reconnaissables car vétus de blanc) empêchés de porter secours et même pris pour cible, des journalistes censurés, placés en garde à vue et … un nouveau mort. Il s’appelait Steeve il était jeune, il était à la fête de la musique, il avait la vie devant lui, et pourtant….
Avez-vous effacé de vos mémoires ce temps où le peuple venait vous serrer dans ses bras et vous embrasser après Charlie Hebdo ? Qu’est-il advenu de vous que l’on appelle « gardiens de la paix » ? Quelles causes défendez-vous ? Qui protégez-vous réellement ?
Alors, Mesdames et Messieurs les policiers et gendarmes, de là où je suis, je vous rappelle juste l’article R 434-18 de votre code de déontologie relatif à l’emploi de la force :
« Le policier ou le gendarme emploie la force dans le cadre fixé par la loi, seulement lorsque c’est nécessaire, et de façon proportionnée au but à atteindre ou à la gravité de la menace, selon le cas.
« Il ne fait usage des armes qu’en cas d’absolue nécessité et dans le cadre des dispositions législatives applicables à son statut. »
Etais-je une menace pour vous ? Etais-je cette absolue nécessité vous permettant de faire usage de votre arme, moi, Zineb, 80 ans, au 4ème étage de mon immeuble, avec mon téléphone à la main ? NON, NON, NON.
Quant à vous, Messieurs les donneurs d’ordres, les exécutants, je ne citerai que deux phrases :
- La première de Gérald Messadié : « Le pire des assassins c’est celui qui a la conscience tranquille »
- La seconde du Mahatma Gandhi : « Ce que tu gagneras par la violence, une violence plus grande te le fera perdre ».
-Moi, aujourd’hui, je ne suis plus là. Mais vous retenez ces pensées :
- Tout d’abord, celle de Emile Zola : « La vérité et la justice sont souveraines car elles seules assurent la grandeur des nations »
- Puis, celle de Paulhan : « Une nation périclite quand l’esprit de justice et de vérité se retire d’elle ».
Alors pour moi, mais aussi pour toutes les autres victimes décédées, blessés, mutilées, emprisonnées arbitrairement pour leurs idées, je ne demande qu’une chose : rendez vraiment justice pour que les balances soient égales pour tous.
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