"Bonjour,
Je me permets de vous contacter pour attirer votre attention sur le mouvement de grève national des urgentistes.
Nos conditions de travail se dégradent d'années en années, alors que le recours aux urgences augmente. Ces 20 dernière années, 100 000 lits d'hospitalisation ont été fermés, tandis que le nombre de recours aux urgences a lui doublé.
Les services craquent, les soignants sont usés, et c'est partout le même discours, le même dictat de l'ARS et de ses impératifs budgétaires, que vous avez décrits dans votre livre sur la psychiatrie à Amiens.
Les étapes sont simples :
1983 : mise en place du numerus clausus, pour soit disant diminuer les dépenses de santé.
1997 : la réforme de la Sécu de Juppé : le budget annuel de la sécu est voté par l'Assemblée. Le politique prend la main.
2003 : mise en place de la T2A (tarification à l'activité). On tombe dans l'araisonnement, l'hôpital devient en centre de "producteur de soins".
2008, loi HPST (Hôpital, patients, santé et territoire), "Danone est une entreprise, l'hôpital est une entreprise, donc le PDG de Danone peut devenir directeur d'hôpital", disait Nicolas Sarkozy.
Au fil des années, l'hôpital public a été déconstruit. Nous sommes sommés par nos directeurs d'hôpitaux d'être compétitifs avec le privé, de faire du chiffre. Sauf que nous n'avons pas les mêmes patients. Les cliniques sélectionnent, et ferment le week end. Nous, on est ouvert h24, et on soigne quelle que soit l'heure.
A Nantes, la clinique de la main, ultra moderne, a des vitres radio opaques pour les vestiaires des patients, tandis que nous, aux urgences, nous n'avons pas d'oreiller pour nos patients nonagénaires qui vont sédimenter sur des brancards pendant 24 à 48h, si ce n'est plus.
La médecine à deux vitesses, avec les bons patients qui rapportent des sous en clinique, et ceux dont personne ne veux à l'hôpital public, on y est. Et aux urgences, on continue d'accueillir tout le monde. Et c'est pour ca qu'on craque.
A Saint-Nazaire, il m'arrive de chercher une infirmière au milieu de 15 patients, en enjambant l'urine des patients qui coule dans le couloir, car aucun soignant n'était dispo pour un urinal (je n'en rajoute malheureusement pas). Là, je sors de ma journée d'urgentiste au CHU de Nantes. Je suis monté a 22 patients, en même temps, sous ma responsabilité, à devoir gérer. Je ne tremble pas. Mais sur les 22, je me suis planté combien de fois ?
On a besoin de soutien. On a besoin d'attention. On a besoin qu'on parle de nous. Et ca tarde trop, les medias ne parle pas assez de ce mouvement. Les syndicats font des communiqués de presse Des tractations émergent, mais je redoute l'issue d'un enfumage, d'une désillusion énorme à l'issue de ce mouvement. Et je n'aurais plus qu'a changer de métier, comme 10% de mes collègues chaque année.
Florian"
Aujourd'hui, 62 services d'urgences sont en grève.
Le 23/04/2023 par Florence LAURENE dans
Saint-Nazaire : essai en mer pour le MSC Euribia
Le 22/04/2023 par Moyon dans
Saint-Nazaire : essai en mer pour le MSC Euribia
Saint Nazaire Infos : Flux RSS | Newsletter | Favoris | Plan du site | Galeries photos | Liens | Contact
Réseau Media Web :
Pornichet | La Baule | Le Pouliguen | Le Croisic | Batz Sur Mer | Guérande | La Turballe | Saint Brevin | Angers | Nantes | Brest