Cette question mérite d'être posée car on ne peut pas dire que les choses apparaissent très limpides.
En 2016, les difficultés de la maison-mère coréenne STX Offshore & Shipbuilding l'ont conduit à mettre en vente sa filiale STX France, dont elle détenait 66% du capital. L'Etat français détenait les 34% restants. Ce n'est toutefois qu 'en 2017, au terme d'une procédure diligentée par le Tribunal de Séoul, que Fincantieri a pu se porter acquéreur des parts mises à la vente. Elle allait donc devenir l'actionnaire principal et diriger STX France à sa guise.
Mais le gouvernement français l'entendait différemment. Il y voyait une opportunité pour créer un « airbus de la navale » et en faire ainsi un symbole son orientation européenne et fédéraliste en associant à cette opération non seulement la construction navale civile, mais également le militaire.
La DCNS, aujourd'hui appelée Naval Group devait être incluse dans l'opération. Pour cela, il ne fallait pas que l'Etat français perde la main, d'où ce montage assez étrange qui faisait racheter 16% du capital par la France, de façon à la mettre à égalité avec les italiens et, subsidiairement, de faire rentre Naval Group dans ledit capital. (Cela rappelait étrangement le montage initial du GIE Airbus dans les années 70 où la France et l'Allemagne étaient à parts égales)
Néanmoins, la négociation avec les Italiens ayant été plus dure que prévue, le gouvernement français a dû montrer ses muscles et faire jouer son droit de préemption que le pacte d'actionnaires de STX France lui autorisait, d'où le rachat de la totalité en cas de non-accord avant le 30 juin 2018.
Puis ce fut un silence prolongé. L'avis favorable de la Commission Européenne, qui ne posait à-priori aucun problème, tardait cependant à venir, sans .que le gouvernement français s’inquiétât.
Ensuite ce furent les élections italiennes, largement remportées par les « eurosceptiques ». Et là, les choses commencèrent à bouger. Une plainte fut déposée par le groupe Meyer- Werft auprès des autorités européennes pour « abus de position dominante » de ce groupe franco-italien qui, s'il venait à être créé, construirait à lui-seul plus de 50% des navires.
Début juin, le ministre Bruno Lemaire se rendit à Saint Nazaire pour assister à la signature d'un contrat portant sur trois paquebots commandés par le croisiériste MSC, dont on sait qu'il ne porte pas Fincantiéri dans son cœur. Il s'était même porté candidat au rachat des parts détenues par STX Corée. Bruno Lemaire annonça le même jour que STX France allait reprendre son ancien nom de « Chantiers de l'Atlantique » Tiens, tiens, c'est un peu bizarre, non ? Changer de nom alors que la répartition du capital risque encore d'être modifiée sous peu ?
Enfin aujourd'hui semble débuter ce qu'il faut bien appeler une campagne anti-Fincantiéri. C'est un premier article paru sur « La Tribune » le 12 juillet intitulé « Fincantieri : une liaison très, très dangereuse pour Naval Group ? » S'appuyant sur un rapport de l'ADIT (leader européen en matière d'intelligence stratégique ), on y découvre que les affaires de Fincantiéri sont loin d'être d'une clarté absolue. L'ADIT emploie même le terme de négociations « à l'ancienne », ce qui n'est pas sans sous-entendus... D'autant plus que l'ADIT parle ensuite carrément de « liens avec la Mafia »
Le même journal La Tribune publiait le 17 juillet une suite à cet article en évoquant « Exportations militaires : Fincantieri, le chantier d'un seul coup commercial ? » où l'on apprenait que l'implantation de Fincantiéri dans le domaine du naval militaire n'était pas aussi importante que ce qui avait été dit.
Pratiquement, à la lecture de ces deux articles, il semble évident que Naval Group n'a aucun intérêt, bien au contraire, à se rapprocher de Fincantiéri. Mais alors, peut-on encore parler d'un Airbus de la navale ? Et si Naval Group ne rejoint pas Fincantiéri, montera-t-elle néanmoins dans le capital des Chantiers qui, rappelons-le, est toujours prévu avec Fincantiéri majoritaire ?
Après tout, et la récente commande de MSC le prouve, les Chantiers ne semblent avoir besoin de personne pour continuer à construire des navires avec le succès que l'on connait...
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