Par expérience, Bernard Grua sait "que le jeu des commentaires peut être un jeu sans fin". Il préfère consacrer son temps disponible "à des actions tangibles plutôt qu'à un frustrant dialogue de sourd". Il a cependant accepté de répondre à nos questions.
Qui êtes-vous ?
Je suis né à Morlaix. Enfant et adolescent j'ai vécu à Lorient et à Vannes. J'ai effectué mon service militaire à Brest comme officier de marine. J'ai fait mes études supérieures à Paris et y ai débuté ma vie professionnelle comme auditeur. Voulant revenir en Bretagne, je n'ai pas trouvé de poste correspondant à ce que je savais et voulais faire. J'ai créé une entreprise de service, basée à Nantes, qui organise, supervise et contrôle des inventaires pour des clients importants, principalement dans la distribution. Nous intervenons dans leurs différentes succursales situées en France, Espagne, Italie, Suisse, Allemagne, Pays Bas et Belgique. Nous sommes trois salariés.
Pourquoi ne publiez-vous pas les comptes de votre société ?
Je me considère comme un artisan, pas comme un homme d'affaires. Je ne souhaite pas déposer nos comptes afin de ne pas informer nos concurrents. Notre chiffre d'affaires est d'environ 200 000 euros selon les années. Nos comptes étaient certifiés par un commissaire aux comptes car nous étions en S.A. Que ceux qui veulent les consulter se manifestent auprès de Saint-Nazaire-Infos et je me déplacerai volontiers pour en faire une présentation. Je précise que nous sommes à jour de nos obligations sociales et fiscales, bien évidemment.Depuis un an, nous sommes en S.A.S., le statut de S.A. était onéreux et non justifié par la taille de la société.
Quels sont vos intérêts dans la vie ?
J'aime la mer et la voile que j'ai découvertes grâce aux scouts marins de Lorient. Je suis photographe amateur.
Je parle le français, l'anglais, l'allemand et l'espagnol. J'arrive à me débrouiller, un peu, en russe (j'ai suivi quelques cours à Saint-Pétersbourg et Moscou), suffisamment, en tout cas, pour me déplacer partout en ex URSS (du Nord Est de la Sibérie au plateau du Pamir). Mon regret est de ne pas parler breton car je suis un fervent partisan de la réunification de la Bretagne dans ses frontières historiques.
Avant l'affaire Mistral, je n'ai jamais milité. Je n'ai jamais adhéré, non plus, à un parti politique.
Que répondez-vous à ceux qui vous disent à la botte d'Obama ?
En 1989, j'ai passé deux mois dans une université d'été américaine. Par la suite, j'ai eu des missions aux États Unis, pour un client français. Toutefois les distances et les temps passés entre chaque site étaient trop fatigants. À plus de 50 ans, et compte-tenu de problèmes de dos, j'ai dû me limiter à l'Europe de l'Ouest.
Je n'ai jamais été en contact, physique, oral ou écrit, avec le gouvernement américain. Je n'ai jamais été en contact avec aucune de ses agences. De même en dépit de nos efforts, nous n'avons jamais réussi à faire en sorte qu'une association ou qu'une ONG quelle qu'elle soit, a fortiori américaine, ne joigne notre mouvement. Tout le monde considérait probablement que nous militions pour une cause perdue.
Je rappelle que nous étions neuf à notre première manifestation. Il y a un an. Plus tard, un personnage comme BHL a essayé de s'attribuer le mérite de nos actions. J'ai déjà eu l'occasion d'expliquer, comment nous l'avons écarté. De plus notre collectif est apolitique.
Les Mistral ne concernent pas que la Loire-Atlantique. Ils concernent la sécurité de nombreux pays européens à l'égard de qui, nous, la France, avons une responsabilité. Nous partageons l'information avec tous les membres de notre collectif dans la langue qui est le plus généralement parlée, c'est à dire l'anglais. Nous écrivons aussi en français comme chacun peut le constater. Les articles sont rédigés par Dimitri Halby ou par moi-même à la suite de d'observations et de rencontres (dont des marins russes...) et d'informations collectées par consultation de sites internet en accès libre.
Personne ne nous a jamais dicté ce que nous devions écrire.
Le 7 septembre 2014, pendant une manifestation, près d'une dizaine d'agents du FSB (Service fédéral de sécurité de la Fédération de Russie) nous ont filmés et photographiés individuellement, à travers les grilles devant le Smolniy. Les services du sous-préfet ne s'y sont pas opposés. Certaines personnes présentes dans nos rangs étaient des dissidents russes. D'autres avaient de la famille dans le Donbass. La nuit du 12 au 13 septembre, j'ai été malmené et menacé par des employés de DCI alors que j'étais sur l'espace public. De même un agent du FSB a, à trois reprises, exigé mon passeport. Je ne m'en suis sorti qu'après avoir appelé la police. Je n'ai pas honte de le dire haut et fort. Quand on connaît le système de Poutine, ses pratiques et son mépris du droit international, les gens qui coopèrent agressivement avec ce type de régime, sont des collabos. Localement, à des fins politiques, certains ont tenté de faire croire que ce qualificatif visait les ouvriers du chantier. Je vous laisse juge de leurs arrières pensées. La décence m'interdit d'en dire plus. Le journal Le Monde, quant à lui, a titré : Poutine à Saint-Nazaire.
Que répondez-vous à ceux qui disent que vous êtes russophobe et agent de l'Ukraine ?
J'ai voyagé pendant mes congés dans de nombreux pays, en indépendant, dont en ex URSS notamment la Russie et l'Ukraine. Bien entendu, je ne suis pas russophobe. J'ai de nombreux amis russes. Mais je n'ai pas et je n'ai jamais eu de clients en ex-URSS, que ce soit en Russie ou en Ukraine.
Quand j'ai pris connaissance du contrat Mistral, j'ai pensé que, dans le contexte de l'intervention russe en Ukraine, la France serait mise au ban de l'histoire si elle procédait à la livraison. J'ai rallié, à cette idée, un Normand résident en Irlande et un Parisien résident à Kiev. C'est ainsi que nous avons démarré notre collectif. Je ne cache pas que nous avons essayé d'alerter le gouvernement ukrainien sur le danger que représentait ces navires d'invasion. Nous n'avons jamais eu de réponse.
Je rappelle qu'entre mars 2014 et novembre 2014, il n'y avait pas d'ambassadeur ukrainien en France. Néanmoins, le 13 juillet 2014, j'ai rencontré, de façon fortuite, l'attachée de presse de l'ambassade d'Ukraine. J'ai réalisé que cette jeune personne était incapable de comprendre notre action, au même titre qu'Alain Rémi, ambassadeur de France en Ukraine en était, lui aussi, incapable.
Toutes les dépenses (pancartes, déplacements etc) de manifestations pacifiques et familiales que nous avons réalisées à Saint-Nazaire ou ailleurs (d'autres villes, voire d'autre pays) ont été prises en charge directement par les participants. Pour nos manifestations de fin juin et de début septembre 2014 certaines personnes sont venues en car. Elles ont, chacune, versé 50 euros.
J'ajoute que nous avons tous consacré du temps à cette mobilisation. Cela s'est fait au détriment de nos loisirs et de notre travail professionnel. Pour ma part, mon chiffre d'affaires a encore baissé l'an dernier. J'ai dû presque diviser mon salaire par deux.
Pourquoi une expo photo à l'Institut culturel ukrainien ?
J'ai pu assister à certains moments de la révolution de la dignité en Ukraine. Compte-tenu de ce que j'ai pu lire sur Maïdan, en rentrant, j'ai pensé devoir témoigner pour mes compatriotes, afin de les éclairer. J'ai écrit des articles, à ce sujet*. Du fait de cet engagement, j'ai vu, en août 2014, arriver à Nantes trois réfugiées du Donbass, d'origine russe, comme l'a rapporté Ouest France.
Des Ukrainiens, intéressés par le témoignage d'un Français sans aucune racine ukrainienne, m'ont demandé de présenter mes photos de Maïdan à l'Institut culturel ukrainien de Paris, le 21 novembre 2014, premier anniversaire du début de cette révolution. Le local était mis à ma disposition. Les tirages des photos et mes déplacements ont été à ma charge. Lisant l'article de Ouest France:" Exposition. Les photos d'Ukraine du Nantais Bernard Grua à Paris" Certains y ont vu un conflit d'intérêt. Pourtant je pensais être totalement en phase avec mon objectif de témoignage. Je souhaite vraiment présenter cette exposition à Saint-Nazaire, là aussi à titre gracieux.Je compte sur "Saint-Nazaire-infos" pour passer le message.
Que pensez-vous de l'hypothèse d'un sabordage des Mistral ?
J'ai écrit à ce sujet un article : Le sabordage des BPC Mistral de Saint-Nazaire relève bien aujourd'hui de l'impossible. Pourtant, au cours du mois de mai 2015, une partie de l'opinion française et internationale s'est progressivement accoutumée à cette perspective.
Que pensez-vous de la proposition du député Mariani ?
En ce qui concerne la "proposition" de Mariani (député qui a proposé l'achat par l'Europe des Mistral, afin de sauver des vies humaines en Méditerranée) je souligne qu'elle a déjà été présentée par d'autres, comme une des solutions envisageables, http://nomistralsforputin.com/drupal/?q=node/31 que nous avons déjà exposées. Nous n'avons eu de cesse de militer dans le sens d'une reprise par un acquéreur respectueux des droits de l'Homme.
Toutefois, vous comprenez toute l'importance de la mystification du sabordage quand vous observez l'absence de commentaire dans votre journal au bas de votre article sur cette "proposition-Mariani". Je crois qu'on ne peut pas être plus clair. Les propagateurs de la fable du sabordage sont dans l'embarras. Ils veulent que la seule alternative à leur chimère du sabordage soit une livraison des Mistral à la Russie de Poutine. Ils ne veulent pas d'une livraison à un autre destinataire, même pour une cause humanitaire.
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