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Le Codelib fait le point sur la répression, les violences policières et la justice

Mercredi matin devant la presse, le Codelib (comité de défense des libertés fondamentales contre les dérives sécuritaires) a souhaité faire le point sur la répression, les violences policières et la justice, après les manifestations qui se sont déroulées au cours des deux derniers mois. L'occasion aussi d'entendre le témoignage accablant de "Violette", victime selon ses dires de coups et blessures volontaires de la part d'un policier et ayant entraîné une ITT de 45 jours.

Au cours de cette conférence de presse, le Codelib par la voix de son président a exposé le bilan de la situation sur les arrestations qui ont fait suite à cinq manifestations qui se sont terminées par des heurts entre les forces de l'ordre et les manifestants. A ce jour, l'association dénombre 64 interpellations (dont une vingtaine de mineurs), 60 gardes à vue, 16 personnes traduites au tribunal au cours de cinq audiences en comparution immédiate, 17 personnes jugées et 17 peines de prison ferme prononcées, 12 prévenus incarcérés avec mandat de dépôt (dont une détention préventive pour avoir refusé la comparution immédiate, sans oublier des procès à suivre en novembre, décembre et jusqu'en mars. L'occasion aussi de rappeler la terrible situation de Pascal Vaillant qui en 2009 a perdu l'usage d'un pied dans des circonstances que l'enquête en cours tentera d'établir. Aujourd'hui, cet homme vit dans une terrible souffrance physique et avec la modique somme de 699 euros d'allocation d'adulte handicapé. Son combat pour faire reconnaître les préjudices subis, il le mène depuis 20 longs mois avec l'aide du Codelib et accompagné de son avocat Erwann Le Moigne. Mais le chemin est long et parsemé d'embûches. Malgré tout, Pascal Vaillant demeure confiant : "Une instruction a été ouverte le 21 octobre dernier et devrait durer une bonne année. Le juge d'instruction Stéphane Lorenz me semble impartial et bien déterminé à faire la vérité, mais m'a signifié qu'il ne retrouvera jamais le tireur cougar. Aujourd'hui, je suis obligé de me réadapter par rapport à mon handicap, mais je garde espoir dans la justice de mon pays. J'attends seulement que justice soit faite et que les coupables soient sanctionnés".
 

L'affaire "Violette"

À ce jour, l'affaire concernant Violette est restée dans la discrétion. Ce n'est qu'après concertation avec son avocat et le Codelib et près d'un mois de réflexion que cette Nazairienne de 48 ans a décidé de dévoiler son histoire. Auxiliaire de vie à Saint-Nazaire, cette mère de famille s'est retrouvée victime selon ses dires, d'une violente agression de la part d'un policier alors qu'elle se trouvait à proximité de la rue des Caboteurs. "Le 12 octobre dernier, j'ai participé à la manifestation. Après la dislocation je me suis retrouvée dans le secteur de la rue des caboteurs, il était environ 17 h 30. Je cherchais mon fils et il y avait une cinquantaine de personnes dans les environs, ainsi que deux policiers en faction dans le secteur. Ces derniers ne portaient ni casque ni bouclier. Soudain, alors que je me trouvais derrière eux, l'un des deux s'est retourné brusquement et m'a projetée à terre. Je suis tombée sur les deux mains et cela m'a occasionné des fractures ouvertes sur chaque poignet. Son collègue a alors tenté de le calmer. Un témoin s'est empressé d'appeler les urgences, j'ai été hospitalisée et l'on m'a prescrit une ITT de 45 jours. Pour moi, il s'agit d'un geste délibéré et volontaire de la part de ce policier. Trois témoins ont assisté à la scène et l'un d'eux serait en mesure d'identifier formellement l'auteur de cette agression. Aujourd'hui, je suis marquée physiquement et psychologiquement. Je souffre énormément. Qui plus est, je subis une importante perte financière, car je n'ai pas été payée depuis le 12 octobre". Compte tenu de ces éléments "Violette" a décidé après concertation de déposer plainte dans les prochains jours.

Une journée nationale contre la répression

Dans la salle, une dame visiblement émue, raconte également l'histoire de son fils qu'elle est parvenue à arracher des mains des forces de l'ordre sur le lieu symbolique de la place des droits de l'homme. Avec une émotion certaine, elle regrette de n'avoir pu venir en aide à Paul, un copain de son fils qui lui, a été interpellé. La maman de ce dernier confie que son fils a été traumatisé par cette arrestation et qu'aujourd'hui, il ne trouve plus le sommeil. La dame qui apporte ce témoignage ne mâche ses mots et dénonce une véritable chasse à l'homme des forces de l'ordre, et plus spécialement une "chasse aux jeunes" dit-elle. Et d'ajouter : "Je me pose la question de savoir si le maire est au courant de tels agissements de la part des forces de l'ordre ? Celles-ci sont dans une logique sécuritaire et pour ces manifestations, il leur fallait un quota d'arrestations". En fin de séance, le Codelib a appelé toutes les personnes qui ont assisté à des scènes de violences à se manifester auprès du Codelib. "Nous devons continuer le travail de résistance face aux dérives sécuritaires et nous appelons à une journée nationale contre la répression au mois de mars prochain" a déclaré le porte-parole de l'association.

17/11/2010 | 3 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 18 novembre 2010 à 00h24 par YAJ, Saint Nazaire
merci pour ce témoignage qui met en évidence une situation "étrange" à St Nazaire
#2 - Le 18 novembre 2010 à 09h59 par jj
Et pas un mot pour les commerçants victimes des voyous casseurs!
Et nous pauvres contribuables qui payons les réparations et frais de justice!
#3 - Le 18 novembre 2010 à 21h32 par YAJ, Saint Nazaire
les commerçants n'ont pas été victimes des casseurs : très peu de vitrines cassées (2 maxi je crois dont une dans l'affolement d'une poursuite). Ils ont bien une assurance ou alors qu'ils se retournent contre l'état dont les fonctionnaires de police ont repoussé les manifestants vers les rues commerçantes.
Quant au frais de justice ils pourraient être bien réduits s'il n'y avait qu'un rappel à la loi.

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