Saint Nazaire Infos

Le Cabinet d'histoires tisse vos brins de vie pour en faire un livre

Chloé Bonnet a installé son bureau à Saint-Nazaire depuis juillet. Elle est collectrice de parole ; saintnazaires-infos l'a rencontrée.

Un bureau dans un appartement de Saint-Nazaire. C'est le lieu de travail de Chloé Bonnet, grande jeune femme brune : « 34 ans et un petit garçon » commence-t-elle dans un sourire. Elle est Malouine d'origine, a étudié la sociologie parce que les « gens l'intéressent », et en 2000, à Paris, elle tombe sur un dépliant « Paris mémoire », « des jeunes rencontraient des centenaires ». Elle décide de se former à Nantes en Histoire de Vie, puis part  à Toulouse où elle commence à travailler et fait beaucoup de récits de naissances.« Mais à Toulouse, il n'y a pas la mer », alors la sociologue vient à Saint-Nazaire, avec son activité de collectrice de mémoire.

Comment devient-on collectrice de mémoire ?
«J'ai le goût de l'écriture et la sociologie m'a donné la curiosité des gens. Je n'écrirais pas un roman, on me donne le sujet, j'essaye de transcrire, d'être au plus près…»


Pour qui, avec qui, écrivez-vous ?
« Oui, c'est comme une écriture à plusieurs mains »
. Prenons l'exemple des histoires de naissance. Souvent ce sont les amis, les collègues ou la famille, qui ont l'idée d'un cadeau commun, « ça change des pyjamas et des peluches. Je vais rencontrer le papa et la maman, ils se confient, racontent l'attente, l'arrivée du bébé, leurs questions aussi, c'est très intime. Je consigne et ensuite nous en reparlons ensemble, ils enrichissent avec des photographies ».
Ce sont aussi des petits enfants qui souhaitent que les grands-parents se  racontent, ou à l'inverse les anciens qui veulent offrir leur histoire à leur descendance.« Ils en ont déjà parlé ensemble, ça paraît une bonne idée pour la famille. Souvent, ça saute une génération, les histoires sont quelquefois trop fortes pour les enfants. Des frères et sœurs parlaient de leur maman, ils avaient vécu des événements communs de manières très différentes, et chacun l'a découvert à cette occasion.
Un vieux monsieur me disait en relisant son livre : '' j'ai tout dit ce que je voulais là, enfin j'en ai gardé...mais on ne peut pas tout dire''.
J'ai aussi écrit une rupture amoureuse, pour un homme, comment il l'avait vécue, là je servais plutôt de nègre.

C'est très varié : des lettres d'amour, une demande en mariage, le récit d'un voyage, un anniversaire.»

Comment travaillez-vous en pratique ?
« Je me rends chez les personnes. Un premier rendez-vous pour expliquer, se connaître. J'ai une " trame exploratoire" que je leur laisse pour qu'elles  commencent à interroger leur mémoire.
Ensuite nous nous revoyons, j'enregistre  d’une heure et demie à deux heures de conversation, chaque fois. Je ne cherche pas la vérité. Je note beaucoup: les attitudes, les émotions, c'est important pour la suite de mon travail. Puis je rentre et je retranscris la séance, pour rebondir, corriger si nécessaire avec le conteur, la fois suivante. Je reviens sur les récits précédents, je remets en ordre (chronologique), nous affinons. En moyenne ce sont cinq à six heures de face-à-face »
.
Puis les gens ajoutent des photographies, des documents important de leur vie. Elle montre furtivement, comme en secret, même si elle précise, « j'ai l'autorisation pour celui-ci », entre deux pages, une photo de femme enceinte, celle d'un certificat d'études, de palmes académiques, d'une maison.
« Il y a des moments bouleversants, on passe du rire au larmes. Les gens s'impliquent beaucoup. Ils disent '' j'y ai repensé, j'y ai travaillé''. C'est un réel effort de mémoire.»
Une dame a dit à Chloé Bonnet « là, je m'entends ! », récompense d'un travail précis avec les mots et la musique aussi.
Il en sortira un « vrai » livre illustré, produit en micro-édition  d'une quarantaine de pages pour un récit de naissance ou d'une centaine de pages pour une vie.
Les prix ? 130 euros pour un récit de naissance et en moyenne 750 euros pour…une vie entière, un exemplaire compris.

 

Transcrivez-vous d'autres histoires ?
« Oui l'histoire d'une entreprise, celle de son fondateur, des salariés. Cela soude une équipe, elle revit les moments difficiles...
Un parcours professionnel aussi, j'ai écrit pour un danseur chorégraphe.
Et puis il y a aussi l'histoire d'un bâtiment qui implique les habitants d'un quartier ».

Chloé Bonnet indique qu'elle intervient aussi  dans les maisons de retraite.
Il s'agit plus d'une « animation », des ateliers d'écriture ou des moments de collecte de souvenirs, en général une heure et demie tous les quinze jours.
«Sur le moment, c'est un temps d'échange, c'est ouvrir la parole».
Ainsi deux vieilles dames pensionnaires d'une maison de retraite se sont découvert la même institutrice.
Ensuite elle prépare un document, sur un sujet de discussion par exemple.
Cela facilite le travail des personnes  employées et sert parfois de « déclencheur ». Ainsi un monsieur a confié « grâce à vous j'écris tous les jours », un autre s'est mis à peindre.
La sociologue est radieuse à cette évocation.

Votre profession est-elle réglementée ?

Non, même s'il y a des formations. Alors bien sûr, beaucoup de gens pratiquent mais (ici pour la première fois le ton se durcit), quand on voit certaines choses sur le net…

Pourquoi ? C’est…

Chloé Bonnet joint ses mains ouvertes, comme s'apprêtant à y recueillir un oiseau. « Vous comprenez la parole c'est fragile… On ne peut pas en faire n'importe quoi ! ».
 

http://lecabinet-dhistoires.com/
Tél. : 06 62 78 90 99

Auteur : LY | 21/09/2012 | 4 commentaires
Article suivant : « Total condamné à 300 000 € d’amende »

Vos commentaires

#1 - Le 25 septembre 2012 à 15h14 par HUBERT JACKIE, MalaucÈne
cette jeune femme parrait tres interessante avec la creation son nouveau job .
se raconter ...
laisser une trace...
ELLE DONNE ENVIE DE FAIRE LE PAS ...
#2 - Le 25 septembre 2012 à 16h14 par alice, St Malo
c'est chouette je trouve , tu es radieuse c'est le la journaliste qui le dit et on voit bien sur la photo...

C'est trop drole toi qui manies la langue (française) il y a une pub à la droite de ton article sur "la langouille au piment d'espelette"

vivele piment !
#3 - Le 25 septembre 2012 à 16h24 par REFRACTAIRE a encore frappé !!!
j'aime beaucoup l'idée, bravo
#4 - Le 26 septembre 2012 à 11h55 par GUILLARD France, Saint-nazaire Ouest
Je pense à lui demander des conseil pour faire mes 2 livres sur ce que j'ai subi et que des milliers de gens subissent en FRANCE.

Vous n'êtes pas à l'abri de ça !
Parole d'une honnête femme.

Laisser un commentaire

*

*

*

*

Les champs marqués d'une étoile sont obligatoires

Media Web Agence de presse et marketing Images & Idées Média-Web Avenue de l’Université 24 CH-1005 Lausanne
www.media-web.fr  |   Nous contacter