Elle aurait pu décliner poliment la sollicitation, bien enrhumée en ces premiers jours de printemps. Ou encore, à plus juste titre, en raison de son agenda chargé. Mais pour la première adjointe, un engagement reste un engagement. À quelques heures de recevoir « officiellement » ses délégations de première adjointe (urbanisme, foncier et logement, citoyenneté et participation des habitants ainsi que la politique de la ville), lors du second conseil municipal, vendredi 11 avril, Laurianne Deniaud a reçu pendant une bonne heure Saint-Nazaire-infos, dans son nouveau bureau de l’Hôtel de Ville, sans éluder aucune question. Souriante et professionnelle jusqu’au bout.
Tout a commencé au cœur de la cité portuaire pour la jeune femme. « Je suis née à Saint-Nazaire en 1982. J’ai grandi ici. Comme beaucoup de Nazairiens, j’ai ensuite poursuivi mes études à Nantes avec en première partie une licence de droit et de sciences politiques, ainsi qu’une maîtrise en intervention et développement social. Pour finir mes études, je suis partie ensuite à Paris pour un master en aménagement du territoire et développement local ». Dans le parcours étudiant, les fibres politique, sociale et territoriale se développent donc déjà.
En parallèle, « mon engagement politique au sens « vie de la cité » a commencé dans la vie associative, avec le BAFA (brevet aptitude aux fonctions d'animateur). Je travaillais les mercredis après-midi à l’OMJ (Office municipal de la jeunesse de Saint-Nazaire). J’avais 17 ans. C’est là que tout s’est déclenché. Quand on encadre des jeunes qui ont des parcours très différents, les inégalités nous frappent assez durement ». C’est le fait marquant qui poussera Laurianne Deniaud à toujours se battre pour l’équité et la justice. La trilogie de la devise républicaine « Liberté, Égalité, Fraternité » semble taillée sur mesure pour la jeune première adjointe. Mais l’engagement politique de celle qui se déclare proche de Martine Aubry politiquement lui a été, façon de parler, également imposé : « grandir à Saint-Nazaire », cité ouvrière au centre de grandes luttes sociales, « ce n’est pas anodin ».
Comme l’étudiante de l’époque ne perd déjà pas de temps, elle s’engage au « Mouvement des Jeunes Socialistes » (MJS) à Saint-Nazaire, sur une campagne qui s’appelait «25% de salaire en moins, vous trouvez ça normal ? », une campagne féministe donc. « Je le précise car c’est important dans mon parcours et dans mon engagement ». À peine 20 ans et des engagements de plus en plus importants. « Puis, à Nantes, je suis devenue responsable départementale des Jeunes Socialistes ». Nous ne sommes qu’en 2002. Son ascension aux MJS ou par la suite au bureau national du PS est fulgurante.
Comment Laurianne Deniaud arrive-t-elle à concilier autant de choses ? « Je vis à cent à l’heure », sourit l’intéressée, avec humilité. Pourtant, côtoyer celui qui allait devenir l’actuel président de la République pendant sa campagne présidentielle (François Hollande l’avait désignée responsable de la Jeunesse, aux côtés de Vincent Peillon) ou être chef de cabinet (2012-2013) de François Lamy, ministre de la Ville, « un homme que je connaissais et appréciais », à seulement 30 ans, aurait pu lui donner la grosse tête. Pas vraiment le genre. « Il faut rester connectée aux réalités », confesse la jeune femme. Ce poste, aux côtés du ministre, résulte de tout sauf du hasard : « la question des quartiers populaires et la manière dont on fait la ville me passionnaient déjà ».
Rester connectée aux réalités, c’est aussi l’une des lignes de conduite que la jeune nazairienne se fixait lorsqu’elle rédigeait ses discours, en tant que présidente des Jeunes socialistes notamment (2009-2011). Pour rester dans la « vraie vie », il lui fallait être présente sur le terrain, afin de transmettre à la tribune les réalités du quotidien.
Pour accéder à la présidence du MJS, Laurianne Deniaud a dû quitter son premier emploi, là où « j’ai commencé à travailler en banlieue parisienne, à Épinay-sous-Sénart, dans l’Essonne. C’est une petite commune de 13 000 habitants, où j’étais chef de projet politique de la ville. Je m’occupais des quartiers populaires (80% de la ville classés en zone urbaine sensible). Un taux de chômage extrêmement important, un taux de réussite scolaire bas… » Un choix ? Affirmatif. « Je souhaitais travailler dans les quartiers populaires. J’ai occupé ces fonctions pendant plus d’un an et demi. C’est l’une des périodes les plus enrichissantes de ma vie. J’ai été confrontée à la difficulté de vivre au quotidien, mais en même temps, j’ai rencontré des gens qui étaient toujours debout, et effectué de très belles rencontres ». Les propos transpirent de vérité.
Il est important de revenir sur sa première campagne politique, concernant les inégalités de salaires : Laurianne Deniaud traduit par ce biais son féminisme déterminé. « C’est ce combat pour l’égalité qui guide mon engagement. Il reste beaucoup de choses à faire. Quand vous regardez les violences faites aux femmes… »
À propos de figures féminines, sa grand-mère tient une place particulière dans son cœur et dans son parcours. « C’est une femme très courageuse. Elle a divorcé à une époque où ce n’était pas commun. Elle est partie avec ses six enfants sous le bras. Elle a beaucoup travaillé pour subvenir aux besoins de tous ». Toujours Nazairienne, la grand-mère de Laurianne n’est pas peu fière de sa descendance, en observer sa petite fille accéder aux plus hautes fonctions de la ville. Quant à ses parents, « pas engagés en politique », Laurianne Deniaud en parle également avec beaucoup de tendresse. Issue de la classe moyenne, (mère puéricultrice, père conducteur de travaux dans le bâtiment), la jeune fille découvre les grands débats familiaux, pendant les seules émissions de télévisions auxquelles elle est autorisée à rester devant la petite lucarne : journal télévisé, Envoyé spécial et La Marche du Siècle). L’art de la rhétorique a donc pu germer à cette période… Car si la jeune femme peut paraître discrète en apparence, il suffit de jeter un œil sur son blog pour se persuader du contraire : en visionnant ses discours, on ne peut que s’incliner devant ses talents d’oratrice.
Ses convictions l’ont également poussée à s’investir dans le monde associatif. « J’ai toujours marché sur les deux pieds, entre ce type d’engagement et l’engagement politique. Je suis devenue vice-présidente de la fédération Léo Lagrange, pour porter notamment un programme d’éducation contre le racisme, le sexisme et l’homophobie ». Cela remonte à 2007.
Puis, Laurianne Deniaud quitte l’Essonne pour s’investir au MJS, et se présente à la candidature pour devenir présidente des jeunes socialistes. Election qu’elle remporte haut la main, obtenant 72% des suffrages exprimés. L’aventure dure deux ans, puisque la règle fixe à un seul mandat de 24 mois cette fonction (2010-2012).
« À cette époque, je passais plus de temps dans les trains qu’à Paris. J’ai eu alors la charge de préparer le MJS à la campagne présidentielle qui s’annonçait. J’ai participé à la rédaction du projet socialiste ainsi qu’à la transformation structurelle de l’organisation (communication et participation des jeunes pour parler plus concrètement).»
Avec d’aussi nombreuses et importantes fonctions, l’opinion pourrait penser que la jeune femme est un pur produit politique, un pur produit des partis. Que la société civile ne soit pas assez représentée, voilà un reproche souvent formulé par les électeurs. Laurianne Deniaud s’en défend mordicus. Et n’« aime pas les raccourcis ». Elle énumère tous les jobs d’été qu’elle a pu effectuer, un métier exercé dans l’administration d’une ville… « Ca, ce n’est pas de la politique partisane ». Mais dans le fond, personne ne pourra reprocher à la nouvelle première adjointe d’avoir accumulé les compétences et d’être ainsi en capacité de gérer Saint-Nazaire. Sous l’autorité de David Samzun, cela va de soi.
À son propos, celle qui lui servira de bras droit est assez élogieuse : « Il est prêt à devenir maire. Il aime profondément sa ville et en connaît chaque recoin. Il m’a légué sa carte ! (rires. Cf photo). C’est un très bon chef d’équipe, il est à l’écoute et fixe le cap ». Les deux se connaissent depuis une quinzaine d’années, avec l’entrée de Laurianne Deniaud au PS. Cette dernière a su dès l’automne dernier, « au moment du vote interne », qu’elle deviendrait la première adjointe. Pendant la campagne, cela n’a d’ailleurs jamais été caché, David Samzun la présentant comme telle.
Là où Laurianne Deniaud ne se cache pas non plus, c’est bien sûr les réseaux sociaux. Il suffit de taper son nom dans un moteur de recherche sur internet pour s’en rendre compte. « C’est très générationnel. Et c’est important». Au-delà de la communication classique, « c’est un moyen qui permet l’échange ». Regrette-elle une interview donnée à un site internet à l’été 2011, où la jeune femme se met quelque peu à nu, côté vie privée ? Pas le moindre du monde. Laurianne Deniaud est ainsi : un engagement reste un engagement. Revenir dessus, c’est du renoncement. Ne comptez pas sur elle pour renier ses convictions. A 32 ans, et déjà première adjointe de Saint-Nazaire, Laurianne Deniaud a déjà l’étoffe d’une grande. Si sa volonté reste pour le moment d’être « au service des Nazairiens », une dernière question nous taraude : où s’arrêtera-t-elle ?
Le 23/04/2023 par Florence LAURENE dans
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