Monsieur le Premier Ministre,
Suite à la perte d’un important contrat pour sécuriser les centrales nucléaires françaises EDF, les salariés de MAN Diesel & Turbo France, entreprise basée à Saint-Nazaire et spécialisée entre autre dans l’usinage et l’assemblage de groupes de secours nucléaires au travers de la marque Pielstick, se sentent trahis par l’État.
Après la catastrophe de Fukushima, EDF a décidé de suivre les préconisations de l’ASN en ajoutant sur chaque tranche des centrales nucléaires françaises un circuit de refroidissement d’ultime secours dont l’autonomie électrique est assurée par des groupes électrogènes Diesel d’Ultime Secours (DUS). MAN Diesel & Turbo France associé à Alstom Power, partenaires historiques d’EDF ont formé le seul consortium 100 % français à répondre à l’appel d’offres lancé.
Fort d’un savoir-faire et de produits reconnus internationalement sur ce marché exigeant, d’un État actionnaire principal d’EDF et d’un gouvernement qui fait une priorité du « made in France », rien ne laissait présager que la réalisation des 58 Diesel Ultime Secours (DUS) devant assurer la sécurisation des centrales nucléaires françaises serait confiée en totalité, aux motoristes américain (Fairbanks Morse) et belge (ABC).
Le choix d’EDF de retenir deux motoristes concurrents au fabricant français possédant peu ou pas d’expérience sur le marché sensible de la sûreté nucléaire pose non seulement question, mais est très discutable d’un point de vue économique puisqu’il faudra à EDF maintenir en service 2 types de moteurs différents.
Les conséquences pour le consortium français MAN Diesel & Turbo et Alstom Power sont quant à elles désastreuses. Au-delà de la perte nette de ce contrat, l’introduction par EDF de 2 concurrents supplémentaires sur un marché à l’export qui s’annonce prometteur est extrêmement pénalisante. Le manque de courage politique du gouvernement sur cet appel d’offres, affaiblit encore un peu plus un pan de l’industrie française, qui n’en avait pas besoin !
Pour MAN Diesel & Turbo France le contrecoup est par ailleurs immédiat. En effet, pour se mettre en capacité de fabriquer les 58 groupes EDF dans de bonnes conditions, l’entreprise avait anticipé le lancement de tous les moteurs au carnet de commandes générant un stock important. Avec la perte du contrat EDF c’est donc une fin d’année 2014 et un début d’année 2015 sans aucun moteur sur la ligne de production qui se profilent avec un réel risque de chômage partiel.
Maintenant que le gouvernement a prouvé son inefficacité sur la promotion en amont de l’emploi dans les filières industrielles des gros moteurs diesel et nucléaires en France, il ne lui reste plus qu’à se positionner en gestionnaire des fortes baisses d’activités qui se profilent chez MAN Diesel & Turbo Saint-Nazaire et dans sa filiale du Cher, SMPA, spécialisée dans l’injection.
Une nouvelle fois ce sont les contribuables qui paieront la facture des éventuels recours au chômage partiel et les répercussions sur l’emploi de cette stratégie industrielle catastrophique. La CGT MAN Diesel & Turbo et SMPA, demande au gouvernement de changer de politique rapidement, afin d’orienter la France vers la voie du développement et non de la régression industrielle en conservant l’autonomie du pays sur des activités stratégiques. »
Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français avait pour objectif d’assurer l’autonomie du pays sur un certain nombre de secteurs stratégiques.
En 1946, il a notamment été décidé de créer la Société d'Étude des Machines Thermiques (SEMT), une société dont la vocation serait de concevoir des moteurs diesel pour la propulsion navale, la traction ferroviaire et la génération d’électricité.
À cette époque la SEMT ne disposait d’aucun moyen de production et commercialisait ses moteurs de marque « Pielstick » au travers d’un réseau de licenciés.
En 1976, la SEMT intègre la division mécanique d’Alsthom-Atlantique. L’entreprise pour la première fois, maîtrise la conception, la fabrication et la commercialisation de la gamme de moteurs Pielstick.
Grâce à ce rapprochement les moteurs Pielstick s’imposeront comme une référence incontournable sur le marché naval mondial.
En 1986, Alsthom-Atlantique se sépare de sa branche mécanique et cède alors la fraichement nommée SEMT Pielstick à 2 motoristes allemands concurrents MAN et MTU.
Concurrents qui pour augmenter leur part de marché limiteront peu à peu les capacités de développement des moteurs mais aussi, la commercialisation des moteurs Pielstick à ses clients historiques comme la marine militaire, EDF, la SNCF...
Cette politique conduira la SEMT Pielstick à vendre de façon marginale à ses voisins et anciens collègues du chantier naval d’Alsthom-Atlantique !
En 2006, MAN devient unique actionnaire de la SEMT Pielstick et impose son modèle industriel et ses orientations.
MAN filialise alors l’activité d’injection localisée dans le Cher (S.M.P.A.) et recadre le champ de R&D et commercial des moteurs Pielstick au marché nucléaire et de sous-marins pour lequel ses propres moteurs ne sont pas qualifiés.
Parallèlement MAN investit dans les capacités de R&D et de production de Saint- Nazaire pour contribuer au développement et à l’assemblage de moteurs de la gamme MAN.
Avec ces nouvelles orientations, l’équilibre financier de l’entreprise reste précaire puisque la profitabilité de notre entreprise tient principalement à la vente des pièces de rechange des moteurs de la marque Pielstick.
Pour notre entreprise, il est vital de commercialiser de nouveaux moteurs Pielstick et par conséquent de développer ses parts de marché dans le secteur stratégique des groupes de secours nucléaires terrestres et marins.
Source communiqué de CGT
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