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La CGT MAN Diesel & Turbo France accuse l'État de trahison made in France

Dans une lettre ouverte au premier ministre le syndicat le syndicat reproche à l' Etat d'avoir mis l'entreprise en difficulté en confiant la construction des groupes de sécuité pour les centrales nucléaire à deux motoristes concurrents l'américain (Fairbanks Morse) et le belge (ABC). Il analyse cela comme une trahison aux conséquences désastreuses.

Monsieur le Premier Ministre,
Suite à la perte d’un important contrat pour sécuriser les centrales nucléaires françaises EDF, les salariés de MAN Diesel & Turbo France, entreprise basée à Saint-Nazaire et spécialisée entre autre dans l’usinage et l’assemblage de groupes de secours nucléaires au travers de la marque Pielstick, se sentent trahis par l’État.

Après la catastrophe de Fukushima, EDF a décidé de suivre les préconisations de l’ASN en ajoutant sur chaque tranche des centrales nucléaires françaises un circuit de refroidissement d’ultime secours dont l’autonomie électrique est assurée par des groupes électrogènes Diesel d’Ultime Secours (DUS). MAN Diesel & Turbo France associé à Alstom Power, partenaires historiques d’EDF ont formé le seul consortium 100 % français à répondre à l’appel d’offres lancé.
Fort d’un savoir-faire et de produits reconnus internationalement sur ce marché exigeant, d’un État actionnaire principal d’EDF et d’un gouvernement qui fait une priorité du « made in France », rien ne laissait présager que la réalisation des 58 Diesel Ultime Secours (DUS) devant assurer la sécurisation des centrales nucléaires françaises serait confiée en totalité, aux motoristes américain (Fairbanks Morse) et belge (ABC).

Le choix d’EDF de retenir deux motoristes concurrents au fabricant français possédant peu ou pas d’expérience sur le marché sensible de la sûreté nucléaire pose non seulement question, mais est très discutable d’un point de vue économique puisqu’il faudra à EDF maintenir en service 2 types de moteurs différents.
Les conséquences pour le consortium français MAN Diesel & Turbo et Alstom Power sont quant à elles désastreuses. Au-delà de la perte nette de ce contrat, l’introduction par EDF de 2 concurrents supplémentaires sur un marché à l’export qui s’annonce prometteur est extrêmement pénalisante. Le manque de courage politique du gouvernement sur cet appel d’offres, affaiblit encore un peu plus un pan de l’industrie française, qui n’en avait pas besoin !
Pour MAN Diesel & Turbo France le contrecoup est par ailleurs immédiat. En effet, pour se mettre en capacité de fabriquer les 58 groupes EDF dans de bonnes conditions, l’entreprise avait anticipé le lancement de tous les moteurs au carnet de commandes générant un stock important. Avec la perte du contrat EDF c’est donc une fin d’année 2014 et un début d’année 2015 sans aucun moteur sur la ligne de production qui se profilent avec un réel risque de chômage partiel.
Maintenant que le gouvernement a prouvé son inefficacité sur la promotion en amont de l’emploi dans les filières industrielles des gros moteurs diesel et nucléaires en France, il ne lui reste plus qu’à se positionner en gestionnaire des fortes baisses d’activités qui se profilent chez MAN Diesel & Turbo Saint-Nazaire et dans sa filiale du Cher, SMPA, spécialisée dans l’injection.
Une nouvelle fois ce sont les contribuables qui paieront la facture des éventuels recours au chômage partiel et les répercussions sur l’emploi de cette stratégie industrielle catastrophique. La CGT MAN Diesel & Turbo et SMPA, demande au gouvernement de changer de politique rapidement, afin d’orienter la France vers la voie du développement et non de la régression industrielle en conservant l’autonomie du pays sur des activités stratégiques. »

Historique de l’entreprise :

Au lendemain de la Seconde Guerre mondiale, le gouvernement français avait pour objectif d’assurer l’autonomie du pays sur un certain nombre de secteurs stratégiques.
En 1946, il a notamment été décidé de créer la Société d'Étude des Machines Thermiques (SEMT), une société dont la vocation serait de concevoir des moteurs diesel pour la propulsion navale, la traction ferroviaire et la génération d’électricité.
À cette époque la SEMT ne disposait d’aucun moyen de production et commercialisait ses moteurs de marque « Pielstick » au travers d’un réseau de licenciés.
En 1976, la SEMT intègre la division mécanique d’Alsthom-Atlantique. L’entreprise pour la première fois, maîtrise la conception, la fabrication et la commercialisation de la gamme de moteurs Pielstick.
Grâce à ce rapprochement les moteurs Pielstick s’imposeront comme une référence incontournable sur le marché naval mondial.
En 1986, Alsthom-Atlantique se sépare de sa branche mécanique et cède alors la fraichement nommée SEMT Pielstick à 2 motoristes allemands concurrents MAN et MTU.
Concurrents qui pour augmenter leur part de marché limiteront peu à peu les capacités de développement des moteurs mais aussi, la commercialisation des moteurs Pielstick à ses clients historiques comme la marine militaire, EDF, la SNCF...
Cette politique conduira la SEMT Pielstick à vendre de façon marginale à ses voisins et anciens collègues du chantier naval d’Alsthom-Atlantique !
En 2006, MAN devient unique actionnaire de la SEMT Pielstick et impose son modèle industriel et ses orientations.
MAN filialise alors l’activité d’injection localisée dans le Cher (S.M.P.A.) et recadre le champ de R&D et commercial des moteurs Pielstick au marché nucléaire et de sous-marins pour lequel ses propres moteurs ne sont pas qualifiés.
Parallèlement MAN investit dans les capacités de R&D et de production de Saint- Nazaire pour contribuer au développement et à l’assemblage de moteurs de la gamme MAN.
Avec ces nouvelles orientations, l’équilibre financier de l’entreprise reste précaire puisque la profitabilité de notre entreprise tient principalement à la vente des pièces de rechange des moteurs de la marque Pielstick.
Pour notre entreprise, il est vital de commercialiser de nouveaux moteurs Pielstick et par conséquent de développer ses parts de marché dans le secteur stratégique des groupes de secours nucléaires terrestres et marins.

Source communiqué de CGT

17/06/2014 | 4 commentaires
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Vos commentaires

#1 - Le 18 juin 2014 à 15h52 par bib
Si les faits dénoncés dans cette lettre sont prouvés (j'attends l'avis du gouvernement), nous avons donc une fois de plus la preuve que :
- l'argent du contribuable est mal géré (puisqu'il y aura 2 types de moteurs à suivre),
- les dires de M.Montebourg ne sont pas suivis au gouvernement puisque le fournisseur français n'a pas été retenu.

Il faut donc attendre si le gouvernement et EDF ont des arguments pour justifier leur choix.
#2 - Le 19 juin 2014 à 00h08 par Bengy, St Naz
Un article interessant sur le sujet, sur le lien suivant: http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20140221trib000816581/edf-la-polemique-sur-les-moteurs-d-urgence-des-centrales-nucleaires-rebondit.html
Ce qui est bien a le libéralisme, c'est que seul le prix compte, les emplois et la sureté sont accessoires!
Au fait messieurs les Enarques, moins d'emplois en France, se traduisant par moins de recettes de l'Etat et plus de dépenses socialeś comment espérez vous réduire la dette de la France en suivant cette logique?
#3 - Le 19 juin 2014 à 05h38 par Rica, Saint-nazaire
Après de petites recherches sur le net, je vous propose de lire l'article de La Tribune du 21/02/14 voir lien ci-après (http://www.latribune.fr/entreprises-finance/industrie/energie-environnement/20140221trib000816581/edf-la-polemique-sur-les-moteurs-d-urgence-des-centrales-nucleaires-rebondit.html.
L'article comporte un lien vers un courrier de l'expert du consortium ALSTOM/MAN Diesel, et révélant de multiple contradiction relative à la sécurisation des centrales nucléaires françaises avec les motoristes ABC et Fairbanks Morse qui serait choisi.
Je trouve cela stupéfiant !
L'état français et son gouvernement est vraiment "mou", lorsqu'il s'agit de défendre ses industries et les emplois associés. Dans la période actuelle de montée du chômage, le manque de volontarisme du gouvernement, prouve une nouvelle malheureusement son incapacité, à défendre l'emploi et pérenniser certaine industrie française. Notamment lorsqu'il s'agit dans le cas présent du dernier motoriste français.
Le ministre du Redressement Productif pourra sans doute une nouvelle fois intervenir en "pompier" pour financer par des aides publics, les jours de chômage des salariés concernés.
Quel gâchis !
#4 - Le 25 juillet 2014 à 11h39 par Hola ! , Paris
Il est je trouve dommage de voir ce type de commentaires. La désinformation est vraiment une plaie.

Je vous propose une autre version :

Man n'est pas plus Français que ABC ou Fairbank. Et si Man a des usines en France,ses concurrents aussi.
Les entreprises titulaire du contrat sont des groupements, ABC est avec EIFFAGE, qui, si je ne m'abuse est Français, les sous-traitant d'ABC sont probablement français aussi ( alternateur, ..). De plus, il ne faut pas oublier que le marché, ce n'est pas que un moteur mais bien 58 bâtiment complet. La part moteur est probablement minoritaire (1/10 ?)par rapport au GC & autres équipements.

Le choix de deux moteur est cohérent, d'un part car il n'y a pas qu'un type de centrale en France mais aussi car il permet de répartir la charge de travail et assurer les délais de mise en oeuvre.

Enfin, et en cherchant bien, vous trouverez que le critère de recevabilité technique était le plus important. Les entreprises non-capables ont été éliminés d'office.
Le choix sur les entreprise restantes (la short list de 3) s'est fait sur le prix. Ce qui est une logique cohérente.

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