Monsieur le Maire,
Par mail en date du 25 janvier, vous avez convié la LDH section St Nazaire à venir participer au grand débat que vous organisez le mardi 5 mars à 18h à l’hôtel de ville.
Nous ne serons pas présents ce jour-là. Par ailleurs, nous ne sommes pas sûrs au regard du nombre de participants invités que nous aurions pu avoir la possibilité de nous exprimer. Pour autant, nous souhaiterions vous apporter quelques éléments de contribution à ce grand débat.
D’abord sur la forme, comme l’a dit Michel TUBIANA, président d’honneur de la LDH dans une tribune publiée dans Mediapart le 21 janvier 2019, le grand débat national n’est, en définitive, qu’une grande manipulation nationale dont on n’est pas même certain qu’elle n’échappera pas à ses initiateurs au profit de l’extrême-droite. S’il est dit que ce grand débat national sera respectueux de toutes les opinions et que tous les sujets pourront y être abordés, ni l’indépendance, ni l’impartialité du débat ne sont garantis. En effet, trois des cinq personnalités sont nommées par le gouvernement et le président LREM de l’assemblée nationale. Ce n’est pas remettre en cause ni leur probité ni leur qualité que de faire cette observation.
Par ailleurs, l’objet de ce grand débat est largement cadré. Les thématiques ont été choisies par le Président et dans sa Lettre aux Français, Emmanuel Macron met déjà un certain nombre de limites à ce grand débat et aux réponses telles que celle sur la justice fiscale et une éventuelle demande concernant la réintroduction de l’ISF dans sa globalité.
Concernant la question de la justice fiscale, la LDH s’est toujours positionnée pour un impôt proportionnel payé par tous mais constate qu’aujourd’hui, une profonde inégalité fiscale entretenue par la logique libérale des divers gouvernements a créé un vrai sentiment de rupture chez nos concitoyens en matière d’égalité face à l’impôt ou d’équité face à la TVA. Il est important qu’une sérieuse réforme fiscale prenant en compte les dividendes des entreprises, les patrimoines, les GAFA et l’évasion fiscale soient conduites avec force et détermination.
Plus globalement, la LDH face aux droits sociaux souhaite une conservation des acquis du Conseil Nationale de la Résistance car notre système économico-social produit une paupérisation de la société, une fracturation territoriale et sociale et comme nous le voyons à travers le mouvement des gilets jaunes un risque de violence et de montée d’un populisme extrémiste.
" le refus de prendre en compte le référendum sur le traité de Maastricht a conduit à un discrédit de la classe politique "
Si en matière de démocratie la question du RIC est abordée, elle ne doit pas faire oublier que le refus de prendre en compte le référendum sur le traité de Maastricht a conduit à un discrédit de la classe politique et donc à l’idée que les décisions sont souvent prises hors du champ des politiques nationales, d’où un rejet de l’idée européenne. Par ailleurs, le risque aussi de cette conception référendaire de la démocratie pourrait être de diviser la société et d’en faire un amoncellement des intérêts personnels qui viendrait réduire l’intérêt général et favoriser les populismes. La LDH a toujours été favorable à la démocratie participative et souhaite que les corps intermédiaires soient valorisés et beaucoup mieux considérés par l’exécutif gouvernemental.
Sur les questions des droits économiques, méfions-nous des politiques de l’emploi qui au nom de la lutte contre le chômage créent des emplois beaucoup plus précaires et où le statut et l’expression des salariés sont réduits. Il n’y a pas d’économie vivante forte sans salariés correctement payés, reconnus et participant à la définition de leurs conditions de travail et des processus de production. La LDH est largement favorable aux politiques visant une participation et une reconnaissance réelle des salariés à la richesse produite.
Par rapport aux services publics, la LDH considère que ceux-ci sont un bien précieux pour garantir une société à haut niveau de protection et pour éviter l’éclatement de notre tissu social. S’il peut paraitre séduisant d’aller vers une i. Administration, n’oublions pas que bon nombre de nos concitoyens ne sont pas des adeptes du numérique et qu’il peut y avoir une vraie fracture concernant l’accès aux services publics si l’Etat et les collectivités territoriales ne prennent pas en compte cet enjeu. Les services publics ne sont pas une charge mais sont un bien commun qu’il s’agit de conserver, d’améliorer voire de réformer sans nuire à la qualité des politiques publiques, des protections sociales, de la justice, de l’enseignement qui sont trop largement mis en cause par un discours libéral, des lois, règlements et une gouvernance produisant bien souvent des dysfonctionnements graves tant pour les fonctionnaires que pour les usagers.
La question migratoire et son relent extrémiste avec la question des quotas nous conduit à réagir en disant déjà que nous ne respectons pas les accords européens passés, que nous avons déjà su dans des périodes moins fastes et avec une économie exsangue accueillir massivement sans que cela ait entrainé une perte de notre identité, une montée de la délinquance et que la question religieuse ne doit pas être instrumentalisée. Nous avons un pacte via la loi de 1905 sur la laïcité qui ne doit pas être modifié.
Ce grand débat qui semble plaire énormément à notre gouvernement et à son Président présente pour le moins un risque démocratique certain si l’ampleur de la demande sociale, celle d’une justice et d’une meilleure répartition de la richesse produite n’est pas prise en compte sérieusement et durablement. Il ne s’agira pas de quelques mesurettes pour réduire la fracture sociale et territoriale. Notre Président doit éviter le piège d’une instrumentalisation en brandissant la crainte d’un autoritarisme récupéré par les extrêmes politiques. La misère sociale ne doit plus lui être inconnue, il faut que ce grand débat fasse rupture dans les politiques conduites et génère de l’espoir. Sans cela, le risque d’une radicalisation conduisant inévitablement à une plus grande fracturation et surtout à un amoindrissement de nos libertés publiques entrainerait encore plus une partie conséquente de nos concitoyens vers un rejet de notre démocratie.
Le bureau de la section nazairienne de la Ligue des Droits de l’Homme
Tel : 06 73 23 00 15 Maison des Associations- 2 bis avenue Albert de Mun – 44 600 Saint-Nazaire E mail : contact@ldhsaintnazaire.fr
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