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Christian Voltz : une exposition majuscule

La médiathèque Etienne Caux fraîchement rouverte au public accueille l’exposition « les trésors minuscules » de l’écrivain et plasticien Christian Voltz. Un auteur atypique de livres pour enfants où les illustrations sont réalisées à partir de matériaux de récupération. Rencontre.

Des objets au service de la narration

Travaillant depuis 15 ans dans l’univers des livres pour la jeunesse, Christian Voltz se démarque de ses confrères par un travail de recherche sur les thèmes abordés et une illustration très particulière. « Une patte » qui lui vaut la reconnaissance de ses pairs et du grand public.
En se promenant dans l’immense espace de la médiathèque, le visiteur venant emprunter  Guerre et Paix est forcé de s’arrêter devant les thématiques proposées.
Au rez-de-chaussée, le créateur montre un travail plus personnel de gravures et de céramiques. Dans la grande salle se trouvent des sculptures en fil de fer ou réalisées avec des objets de récupération. Puis, le visiteur découvre, pas de secret défense ici, les étapes de la création d’un livre de l’auteur de Patates et de  Les gros mots.
« J’ai une manière particulière de travailler. J’utilise des objets qui sont mis en scène et photographiés. Ensuite les scènes disparaissent, je n’ai pas les originaux ».
Sur des panneaux, l’on voit le processus en images, le travail d’écriture de l’histoire, les croquis des personnages, la réalisation d’une page, le scénario et le photographe à l’œuvre.
Mais comment se crée un livre dans la tête de ce grand môme, pourtant papa ? : « Un livre, c’est avant tout une histoire ; je n’ai pas l’impression d’écrire pour les enfants, j’écris par rapport à ce qui me touche et m’intéresse, ce qui me met en colère ou ce qui me rend heureux. Au début, c’est très bavard, ensuite, lorsque je crayonne des images, il y a des mots que je sabre pour éviter les répétitions et  pour arriver à un équilibre ».
Les livres de Christian Voltz parlent de la mort, de patience, du rôle de l’auteur de livre ou de politique. Bien sûr, le niveau de lecture est adapté à la compréhension des enfants, mais l’auteur veut faire passer des messages. Tiens, voici Nicolas « Comme par hasard », sourit Christian Voltz, « on peut reconnaître quelqu’un d’assez actif actuellement dans la politique française… ».
Le passage à l’école des arts déco de Strasbourg va paradoxalement lui faire comprendre que finalement, il a envie de raconter des histoires, pas de faire de la sculpture.

« Un bout de bois et deux boulons ? Un nez et deux yeux. »

Le parti pris de travailler sur des petits décors semble inné : «  J’ai toujours été attiré par les petits objets qui ne servent plus à rien, que l’on trouve n’importe où. La question est de comprendre pourquoi, lorsqu’ils sont assemblés, racontent-ils quelque chose de nouveau ? Et pourquoi dans le meilleur des cas, cela devient-il expressif ou poétique ? Il se passe quelque chose, un bout de bois avec deux boulons, c’est en fait un nez avec deux yeux ».
Un monde dans le monde : « Une plaque rouillée, ça peut être très beau ».
Il avoue que gamin, il détestait lire : « J’étais fasciné par les insectes et les oiseaux, je passais mon temps libre à attraper des grenouilles. Je garde cette fascination pour les petites choses, pas forcément visibles immédiatement, il faut s’arrêter et prendre le temps. En tout cas, c’est mon regard sur le monde ».
Vous n’avez pas grandi ? « Si, j’ai grandi, j’ai des enfants, ils s’en foutent de ce que je fais, mais, c’est pas grave, chacun sa vie ».

« Je suis un poseur de questions »

Les projets ? « Je travaille sur un livre où l’on pose la question de la limite des choses à dire à la jeunesse, où se situe cette limite. J’ai l’impression qu’il y a une auto censure chez les auteurs et chez moi aussi. Par exemple, ne serait-il pas envisageable de mettre une personne entrain de fumer dans un livre pour enfant ? Ca paraît complètement impossible et pourtant les enfants voient bien les gens fumer autour d’eux ».
Dans un de ses livres, La caresse du papillon, un papy « boit un coup de rouge ». « On m’a posé beaucoup de questions là-dessus; c’est une vraie hypocrisie. On voit des pubs quatre par trois pour des marques de whisky ou de champagne ; alors pourquoi ne pas parler d’alcoolisme dans un livre pour enfants ! ». (NB. ce n’est pas le sujet du livre).
« Je pense que l’on peut parler de tout, après il y a la manière d’aborder le sujet, cela peut devenir extrêmement violent, si on devance leurs questions ou si l’on assène des vérités ; donc, c’est une façon d’amener les choses qu’il faut trouver ».
« Pour la mort et la politique, c’est pareil, si cela peut permettre de poser des questions sur ce qui se passe ; sur la politique actuellement en France, sur l’éducation nationale, un service public qui se délite. Pourquoi ne pourrions-nous pas en parler aux enfants à travers des livres ? Ils sont confrontés tous les jours à ce genre de choses. Il faut leur faire des propositions pour amener à un débat ».

Pratique :

Expo Les trésors minuscules de Christian Voltz, jusqu’au 21 janvier
Dans le cadre du salon «  l’enfance à la page » qui se tient au Théâtre Athénor, les 9 et 10 décembre.
Médiathèque E. Caux, 6 rue Lechat
02 44 73 45 60
www.christianvoltz.com

Auteur : JRC | 07/12/2011 | 0 commentaire
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