Media Web avait informé ses lecteurs depuis le début du mois d’août. Un simple examen du dossier montrait pourtant clairement que les chances de survie de STX Corée étaient quasiment nulles. Un endettement abyssal, une chute d’activité liée à la montée en puissance de la construction navale chinoise, pays voisin de la Corée du Sud et un marasme général dans le transport maritime en raison de la diminution du fret mondial.
Donc, les discours lénifiants ont continué, on s’extasiait sur l’importance du carnet de commande et toute annonce qui aurait pu ternir ce bel enthousiasme était définitivement écartée. Seulement, la réalité finit toujours, sous une forme ou sous une autre, par reprendre ses droits. Que s’est-il passé à Séoul ?
L’affaire commence en 2010, avec une activité déclinante de construction navale. Les déficits s’accumulent, l’endettement grimpe et en 2013 les créanciers (essentiellement 3 banques coréennes ) décident de « reprendre les manettes » de STX, ce que la loi coréenne autorise. 3 ans plus tard, avec des pertes d’exploitation récurrentes et en augmentation constante, les créanciers décident de « jeter l’éponge » ce qui en dit long sur l’état réel de l’entreprise et ses perspectives et refilent le bébé au tribunal des faillites de Séoul.
Celui-ci décide de la mise en redressement judiciaire pour une période d’observation de 3 mois au terme de laquelle STX devait fournir un plan de redressement plausible, faute de quoi la liquidation serait prononcée.
Le 04 aout, une pluie de nouvelles créances s’est abattue au tribunal, en provenance de clients non livrés, mais aussi de fournisseurs et de salariés non payés . Les choses se sont précipitées et STX a demander au tribunal l’autorisation de vendre sa filiale STX France, dans laquelle elle est majoritaire. Le tribunal ayant donné l’autorisation, la prospection a été confiée à Price-Waterhouse. Dans le même temps, le tribunal a également demandé à un groupe de banques d’affaires de chiffer les coûts induits pour la poursuite de l’exploitation de STX ou pour la liquidation. C’est une procédure courante de la part des tribunaux de commerce de chiffrer les deux éventualités.
Ces banques ont communiqué leurs estimations dans le courant du mois septembre. Il apparaît alors que la liquidation économiserait environ 300 millions de dollars aux créanciers (1,2 milliards pour continuer contre 900 millions pour liquider°Ce résultat étant connu, le tribunal s’est vu transmettre une proposition de rachat global de STX (maison mère et filiales) Cette option semble retenue par le tribunal de Séoul et le juge à déclaré que cette proposition serait étudiée lors de la réunion des créanciers le 14 octobre. Il devrait trancher entre la liquidation et le rachat global, abandonnant ainsi l’hypothèse d’une vente séparée de STX France.
Cette vente globale porterait donc sur les 2 chantiers coréens appartenant à STX Corée et les 66% de STX France.
Apres avoir annoncé courant aout qu’il cherchait un repreneur pour les parts de STX France détenues par STX Corée, le gouvernement français a du prendre en compte la situation nouvelle résultant de la décision du tribunal coréen.
Plusieurs articles sont paru dans la presse française , laissant apparaître une certaine cacophonie. Hormis une communication qui se veut rassurante par principe, qu’en est-il des possibilités d’intervention de l’Etat, en tant qu’actionnaire minoritaire de STX France ?
Celles-ci semblent malgré tout limitées.
Il existe un pacte d’actionnaires, donnant à l’Etat un droit de regard sur la vente des parts détenues par STX Corée. Que vaut-il en cas de liquidation de STX ? Pas grand-chose car la liquidation entraînerait la disparition du capital et par conséquent des actions. Seul l’intérêt des créanciers sera alors pris en compte. L’Etat pourrait, bien sûr, racheter les actifs des chantiers de St Nazaire, mais pour en faire quoi ? Les contrats de commandes en cours deviendraient probablement caducs en raison de la disparition du constructeur en tant que personne morale.
Si l’option « vente globale » est retenue par les créanciers, le gouvernement pourra-t-il exercer un droit de préemption ? Difficile à dire. Une réquisition sous forme de nationalisation est certes possible, du « fait du prince » en s’appuyant sur le décret Montebourg, mais, dans ce cas, quelle serait la hauteur d’indemnisation des créanciers ?
La presse spécialisée a fait état d’un montant de 800 à 900 millions de dollars pour la vente globale. L’indemnisation devrait donc se trouver à un niveau comparable.
Un article de Mer et Marine évaluait à environ 900 millions de dollars la valeur globale de STX, et on peut penser que cette vente viendrait équilibrer les pertes dues à la liquidation, et serait probablement préférée à celle-ci. Le problème qui se poserait au gouvernement serait alors quoi faire des chantiers coréens de Jinae et Goesong, car rien ne dit que la somme des valeurs séparées de chaque chantier soit égale au total.
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